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Les idées reçues sur "l'école à la maison"

Les idées reçues sur "l'école à la maison"

Ce blog n'a pas pour vocation à promouvoir "l'école à la maison" mais simplement de partager une façon d'apprendre qui peut se transposer dans bien des situations pour qui voudrait s'y engager. En ces temps difficiles où le droit de faire "l'école à la maison" est en danger, il me semble tout de même opportun de mieux faire connaître cette façon d'instruire notamment en cassant les idées reçues dont on nous parle quotidiennement.

 

Lien vers la pétition pour nous soutenir et conserver ce droit d'instruire en famille ici

En N°1:

Pour la majorité d'entre nous, faire l'école à la maison, ce n'est pas "faire l'école ENFERMES DANS la maison". C'est peut-être pour cela que le terme officiel est: "Instruction en Famille" (IEF), qui est déjà beaucoup plus représentatif. Nos enfants font des activités dans des clubs, associations... tout comme les enfants scolarisés.

 

L'instruction en famille nous donne le temps de visiter des musées, parcs, lieux historiques... autant de sorties locales ou lointaines, que de rencontres potentielles ! Notre fille Lili-Rose a fait des progrès incroyables dans ce domaine justement grâce à l'instruction en famille ! En phobie scolaire, elle avait déclaré simultanément une phobie sociale... donc...

 

Les voies de la socialisation sont multiples !

N°2:

L’instruction est obligatoire mais pas l’école !

Le code de l’éducation est clair :

« L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux ou toute personne de leur choix ».

(Oui car en tant que parent instructeur en famille vous êtes obligés de vous transformer en LEGIFRANCE pour lutter sans cesse contre les idées reçues et réciter les lois...)

 

Le problème c’est que la presse, les médias et même dans les plus hautes sphères de l’Etat, on fait des raccourcis ! ... dans son discours, dans les gros titres, les bannières... et depuis X années.

« L’école obligatoire ceci… l’école obligatoire cela… »

Propageant donc la fausse idée que « l’école est obligatoire ». Et puis la voisine le dit, la maîtresse le dit… BEN TOUT LE MONDE LE DIT ALORS C'EST VRAI, NON ?!

 

S'ajoute à cela, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme: « Les parents ont par priorité le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants »

 

Mais aussi le protocole additionnel à la convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales : « Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction. L’Etat, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques. »

 

PAR CONTRE, depuis l’annonce du projet de loi contre le séparatisme, l’Etat envisage bel et bien de faire voler en éclat tous ces beaux textes fondamentaux pour rendre l’école VRAIMENT obligatoire à la rentrée 2021.

Près de 50 000 enfants qui font, comme nous, l’instruction en famille (l’école à la maison) seront scolarisés contre leur grès et celui des parents. Les "enfants malades" seront exemptés, on ne sait pas encore ce que ça signifie vraiment.

N°3:

Imaginez ma tête: Et bien avec des certitudes pareilles, c'est vrai que le monde serait beaucoup plus simple et bien rangé Ce serait tellement pratique ! Et puis pourquoi pas: "les parcs aquatiques c'est mauvais pour les dyslexiques" etc etc...

 

Qu'on me fournisse la preuve scientifique, tiens ; )

Et quand bien même on me trouverait une étude le démontrant, l'Histoire de la psychiatrie et de la médecine, n'a cessé de montrer l'attitude d'humilité nécessaire au professionnel de santé.

La certitude d'une époque devient caduque quelques années après. Voir la contrecarre totalement !! (exemple du nourrisson qui devait dormir sur le ventre / sur le côté / sur le dos au fil des années. Bientôt, la lévitation ! Si ! si ! on a des études hein !) Bref...

 

Les individus sont multiples, les autistes eux mêmes sont multiples (on appelle même ça: le SPECTRE autistiques désormais, tellement les profils y sont variés !), leurs besoins diffèrent aussi, tout simplement ! Et c'est d'ailleurs valable pour tous les humains. (et oui, du coup c'est pas pratique...) Dès lors, comment brandir une certitude pareille ?!

 

Notre fille de 9 ans, autiste, s'est épanouie de façon incroyable depuis les 5 ans où elle fait l'instruction en famille ("école à la maison")

Elle a notamment écrit un livre de sensibilisation à l'autisme.

et en a fait des lectures publiques (elle qui était en phobie sociale à l'école...) devant des élus, psychologues, enfants, étudiants éducateurs... Elle a participé à différentes conférences sur le sujet et elle a tenu une correspondance avec des élèves de classe de CE2 qui avaient lu son livre en classe.

Ils ont échangé sur leur différences, leurs points communs. Une belle leçon de tolérance.

 

Et aussi toutes ces autres choses qu'elle fait comme: avaler l'Histoire de France (maintenant on la surnomme Stéphane Bern), créer sa propre technique pour apprendre les tables de multiplications (3 ans de mise au point mais brevet en cours ; ) , participer aux manifestations climat, créer une murder party pour ses amis... tant de projets que de façons d'apprendre différentes qui l'épanouissent et lui donne la confiance pour s'intégrer au monde ! Juste Magique !

 

Perso, je n'ai qu'une seule certitude: l'école à la maison, c'est pourquoi pas?! bon pour les autistes !

N°4:

Absolument pas. L’instruction en famille est strictement encadrée par la loi et les contrôles ne cessent d’être renforcés sous chaque mandat. Ils sont effectués au domicile de la famille TOUS LES ANS par les inspecteurs de l’Education Nationale qui vérifient l’instruction; doublé d’un contrôle de la mairie qui vérifie les raisons de ce choix et le cadre de vie de l’enfant TOUS LES DEUX ANS. Le contrôle des inspecteurs peut se faire de façon inopinée. Oui, genre vous êtes en pyjama...

 

Nous sommes donc beaucoup plus contrôlés que toutes autres familles de France !!!

 

Et les sanctions pour manquement sont lourdes : rescolarisation sous 15 jours, amende et peine d’emprisonnement de 6 mois en cas de refus.

 

Dans ce cadre, difficile donc de faire n’importe quoi pour les familles qui instruisent à domicile !

Heureusement, d’après les chiffres du ministère « 93% des contrôles se passent bien, voir très bien ». Il est donc d’autant plus difficile de comprendre cette assimilation aux séparatistes et la stricte limitation de faire « l’école à la maison ».

N°6 :

"Une population très diverse" Voilà ce que souligne encore, dans son dernier communiqué, l’équipe universitaire ANR (Agence nationale de la recherche) qui étudie le phénomène de l’instruction en famille d’un point de vue sociologique.

En effet, lorsqu’on interroge les familles dans les associations IEF ou sur les groupes facebook, on remarque la pluralité des professions, des situations, des organisations familiales…

Extrait:

" - On est tous les deux infirmiers et on a adapté nos horaires. Quand l'un travail l'autre est là.

- Je suis éducatrice à temps partiel et le papa est prof en collège. Je suis à la maison quand mon mari bosse et vice versa.

- Mon compagnon est cantonnier 3 jours / semaine et moi employée dans une ferme, 3 jours par semaine.

- Quand je travaille, ma maman garde les enfants.

- Mon épouse travaille la semaine et moi un week-end sur deux.

…»

Beaucoup de familles font le choix de réduire leur niveau de vie pour dégager le temps nécessaire à l’instruction en famille. On est donc bien loin d’une élite qui aurait d’importants moyens financiers permettant de faire l’instruction en famille.

 

Alors s’agit-il peut-être d’une élite intellectuelle ?

 

Là encore, on retrouve une grande mixité. De nombreuses ressources sur internet sont désormais disponibles pour qui croit ne pas avoir les connaissances ou compétences.

Il devient beaucoup plus simple d’accéder aux savoirs ou de trouver des personnes ressources (même virtuelles ! blogger, tutos…).

 

Dès lors, beaucoup de familles se lancent dans l’aventure ! Les parents instructeurs semblent avoir ce point commun de retrouver la curiosité et le goût d’apprendre depuis qu’ils accompagnent leurs enfants.

N°6:

Traiter à égalité, ce n’est pas standardiser. Au contraire ! L’égalité n'est-ce pas plutôt la reconnaissance de la singularité et la prise en compte de la différence de chacun ? Si tout le monde est forcé de rentrer dans le moule, on introduit de la violence. Il semble impossible d'appliquer une solution à tous. Que ce soit l'école pour tous ou l'instruction en famille pour tous.

 

On s’accorde à dire que tous les enfants sont différents. On répertorie d’ailleurs au moins neuf types d’intelligences. Les façons d’apprendre ne devraient-elles pas être, au minimum, aussi variées que ces neuf profils afin d’assurer l’égalité des chances dans les établissements scolaires par exemple?

Les domaines d’apprentissages ne devraient-ils pas être aussi variés qu’il existe d’ambitions d’enfants ?

(espèce d'utopiste !) ; )

 

Le rapport international de l’OCDE PISA montre qu’en France, les inégalités sociales sont augmentées par le caractère sélectif de l’école française. Il est donc totalement injuste d’accoler cela à « l’école à la maison ».

Bien au contraire, nous prenons en compte les caractéristiques de nos enfants, sondons leurs passions, découvrons leurs dispositions pour tel ou tel domaine, les accompagnons dans la façon d’apprendre qui leur est propre.

 

L’instruction en famille, regorge aussi d’enfants pour qui le système scolaire ne convient pas (échec scolaire, haut potentiel, phobique scolaire, handicaps…) et d'autres enfants pour qui apprendre se fait tout simplement autrement où dont les parents souhaitent utiliser d'autres pédagogies.

 

Et si cette prise en compte, des plus respectueuse, de l'enfant est considérée comme un privilège par rapport aux enfants scolarisés alors c’est du côté des institutions qu’il faudrait plutôt se tourner pour amorcer des changements à ce niveau.

 

En instruction en famille, merci, nos enfants vont bien.

 

Certains pensent que c'est inégale car "pas pour tout le monde". Mais ce n’est pas parce qu’un droit ne correspond pas à toutes les situations qu’il ne peut exister. On peut faire le parallèle avec le congé parental d’éducation. Fondamentalement, ce droit existe pour tous mais tous ne le saisiront pas pour X raisons : ne peuvent pas financièrement, ne veulent pas… Alors que ce droit d'éduquer son enfant pendant une période est très bien accepté dans la société, le droit d'instruire son enfant l'est beaucoup moins... Pourquoi? (votre réponse se trouve surement parmi les idées reçues ; ) dans ce cas, retournez à la photo correspondante ; )

 

Autre parallèle : nous avons la possibilité de faire instruire nos enfants dans le public ou le privé mais financièrement tout le monde le peut-il réellement ? Pourtant les deux modèles coexistent sans que personne ne s'en offusque vraiment.

N°7:

Il est tout à fait possible pour un enfant instruit en famille de passer son bac : en candidat libre. Certains enfants éprouvent le besoin d’aller ou de retourner à l’école en première et terminale pour s’y préparer tandis que d’autres préféreront bachoter de chez eux et avec leurs propres outils (annales du bac, cours par correspondances…). Habitués au plus tôt à développer leurs propres méthodes d’apprentissages, à connaître leurs rythmes et leurs atouts, ces enfants auront des bases différentes mais tout aussi solides pour préparer l’épreuve.

 

La motivation intrinsèque sera également un puissant outil de travail.

 

Aux Etats-Unis, un sondage menée par Peter Gray, directeur de recherches au Boston College, montre que « 75 % des jeunes ayant grandi sans instruction imposée ont poursuivi ou poursuivaient des études supérieures au moment de l’enquête ».

 

Certaines écoles supérieures exigent des bulletins scolaires dans les dossiers d’admission. C’est à prendre en compte par les familles instruisant à domicile. Il s’agira d’établir la meilleure stratégie pour que l’enfant puisse aller dans la voie qu’il souhaite.

 

Habitués aux voies alternatives, ils n’hésiteront surement pas alors à trouver des solutions : à faire leurs études à l’étranger, tenter de convaincre tout de même l’école lors d’un entretien, trouver un mentor, se former en autodidacte…). Et les parents, de les accompagner dans leurs choix. L’instruction en famille ne se termine jamais réellement non ?!

N°8:

 Au contraire !  D’après les études universitaires, « les enfants non scolarisés sont plus actifs socialement (vote, engagement associatif…) que la moyenne de leur population de référence » explique Peter Gray, directeur de recherche au Boston College, dans son livre « Libre pour apprendre ».

 

Ici, nous le constatons au quotidien. Par exemple, lors de la manifestation climat, c’est notre fille Lili-Rose (qui avait alors 8 ans) qui a voulu participer et manifester parmi les lycéens.

 

A partir du mois prochain, ses 10 ans atteints, elle va pouvoir s’inscrire en tant que jeune ambassadeur UNICEF pour soutenir et porter des projets. Voilà déjà deux ans qu’elle voulait y participer.

 

Au niveau local, elle participe à des évènements variés avec le centre socio-culturel de notre ville, distribue des flyers lors du marché fermier pour aider les organisateurs, a cousu des masques bénévolement lors du Covid…

 

En fait, c’est même tout le contraire qui se produit ! Elle a du temps et elle se sent libre d’initier dans choses dans la localité ou à plus grande échelle. Elle participe au monde directement et y fait sa place tout naturellement avec les autres.

(je précise qu’elle est autiste Asperger/ou comment faire voler plusieurs idées reçues à la fois...).

 

N°9:

Pas vraiment dans notre cas. Je suis plutôt une des personne à ses côtés qui l'épaule dans ses apprentissages. Je suis plutôt comme un guide, un accompagnant. Si elle était Fred, moi je serai Jamy ! Vous voyez la différence avec le rapport élève/enseignant?! Dans notre famille, on est tous des coéquipiers d’apprendre ! Et tous nous avons renoué avec la curiosité des choses qui nous entourent, le goût d’apprendre.

 

C’est même devenu un style de vie, une philosophie. Nous sommes dans une joyeuse danse où vivre/ apprendre/ jouer ne sont plus qu'une seule et même chose. Et c’est d’ailleurs ce qui se produit chez beaucoup de nos familles. Magique !

 

Mais les façons d’instruire en famille sont bien plus multiples:

Certains vont inscrire leurs enfants à des cours par correspondance et suivront le programme scolaire (CNED et autres…).

 

Des parents vont enseigner à leurs enfants reproduisant presque fidèlement l’école mais au sein de leur foyer.

 

D’autres mélangerons les pédagogies alternatives (Montessori, Steiner-Waldorf, Charlotte Mason…), formel / informel.

 

Une autre approche consistera à permettre à l’enfant d’être à l’initiative de ses apprentissages. Mû par son élan inné il explore et apprend dans le monde qui l’entoure. C’est ce qu’on appelle « l’apprentissage autonome ».

 

Ici, nous sommes dans une approche d’apprentissage autonome et qui utilise tous le panel d’outils selon les besoin (Montessori, Charlotte Mason, cours en ligne, applications, livres divers, manuels scolaires, jeu libre, pédagogie de projets…)

Selon les inspirations de Lili-Rose, nos pratiques évoluent. Cette année, nous aimons nous retrouver en forêt pour apprendre à la façon des « Forest school ».

 

Mais qui sait ce qui nous attendra demain ?

N°10:

Bon ok, je l'admets... ça c'est vrai !    ; )

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Vous l’avez vu au fur et à mesure de ce « Top 10 des idées reçues sur l’école à la maison », faire l’instruction en famille n’est socialement pas de tout repos…

Nous demandons simplement à ce que cette pratique puisse exister sereinement en tant que possibilité d’instruction des enfants en alternative à l’école.

 

En France :

pas d’aide financière pour cette prise en charge de nos enfants par nos soins,

 

pas d’allocation de rentrée scolaire (sauf si l’enfant passe par le CNED),

 

nous payons les mêmes impôts que tout à chacun pour un service d’école dont nous ne nous servons pas

certains enfants instruits en famille se voient refuser l’accès aux centres aérés simplement parce qu’ils ne sont rattachés à aucune école

 

des projets culturels sont souvent réservés aux enfants scolarisés sans possibilité d’aménagement ou de participation d’un enfant instruit en famille.

Nous en avons personnellement fait l'expérience...

 

Dans d’autres pays comme l’Angleterre, faire « l’école à la maison » est positivement perçu par l’ensemble de la population. C’est une pratique courante et banale.

 

Aux Etats-Unis, on estime à 22 milliards de dollars d’économie chaque année faites par les contribuables grâce à cette pratique.

 

Les écoles de certains pays ouvrent leurs portes aux enfants instruits en famille afin de partager leurs ressources.

 

L’université d’Harvard réserve des places pour les enfants instruits en famille estimant qu’ils apportent de nouveaux atouts

etc etc…

 

Loin d'un vivier supposé de terroristes, séparatistes, fanatiques… que serait l'instruction en famille d'après Emmanuel Macron, la revue universitaire française de pédagogie invitait, il y a peu, les chercheurs à explorer cette pratique affirmant qu’elle comportait des « enjeux scientifiques stimulants ». Selon eux, l'instruction en famille serait même source d’enseignement sur l’apprentissage des enfants. Ils mentionnent que le système scolaire pourrait pourquoi pas prendre connaissance de cette pratique pour modifier, actualiser et diversifier leurs approches de l'enfant.

 

La France est le pays de la liberté/égalité/fraternité, capitale mondiale de la culture, patrie des droits de l’homme. Ces titres ne méritent-ils pas que ce droit fondamental, source de tant de richesse et preuve d’altérité, soit perpétué et même (soyons fous) valorisé ?

Lien vers la pétition pour le maintien de ce droit d'instruire en famille ici

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